vendredi 17 mai 2013

Alfa Romeo Story - Episode 1 : Darracq Italia (1906)



Alfa-Romeo est une marque de légende, mais aujourd'hui peu d'entre nous le savent. Si on veut bien voir les choses d'une manière simpliste, la firme milanaise représentait, de sa création en 1910 jusqu'aux années 50, l'équivalent de Ferrari aujourd'hui. A savoir un constructeur de bolides destinés à la compétition, mais aussi de modèles en petite série aussi envoûtants que hors de prix. D'ailleurs, Enzo Ferrari (arrivé chez Alfa-Romeo au début des années 20), créera la branche compétition de la marque, la "Scuderia Ferrari" en 1929. C'est en 1947 que Ferrari sortira du giron d'Alfa-Romeo pour voler de ses propres ailes, et prendre petit à petit le relais de la marque au biscione dans le coeur du grand public. On connaît le résultat aujourd'hui : une marque Ferrari vénérée internationalement grâce à ses véhicules exclusifs et une présence en compétition jamais démentie ; et une marque Alfa-Romeo en berne, devenue malgré elle minuscule constructeur généraliste, et quasiment repliée sur son marché national.


Comment la marque en est-elle arrivée là ? Nous verrons qu'Alfa-Romeo a, de toute évidence, toujours lutté pour sa survie. Si la marque n'a pas vécu la valse d'une multitude de propriétaires, elle a par contre connu des hauts et des bas qui ont souvent remis en question son existence. Si le grand livre de la marque milanaise commence à sa création en 1910, il faut pourtant faire un petit pas en arrière, en 1906, pour connaitre ses vraies origines. Et contre toute attente, les origines d'Alfa-Romeo sont... françaises !


Darracq (Darracq Automobiles SA), marque française créée à Suresnes en Ile-de-France en 1897, connaît une ascension immédiate et se place dès 1904-1905 parmi les acteurs les plus dynamiques du marché français derrière Renault et Peugeot. En soif d'expansion, la marque installe rapidement une filiale en Grande-Bretagne et une autre en Espagne. Mais le regard d'Alexandre Darracq, fondateur de la marque, se tourne également vers un marché italien prometteur. Prometteur, mais verrouillé par des taxes protectionnistes décourageantes pour les voitures fabriquées en dehors de la péninsule.

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Qu'à cela ne tienne : déterminé à être présent sur ce marché (sur lequel Fiat n'a pas encore la mainmise), Darracq fonde dès février 1906 la Societa Italiana Automobili Darracq. Objectif : Assembler en Italie des voitures dont les composants viennent de France pour contourner les barrières douanières italiennes. Une astuce que nous connaissons aujourd'hui sous le nom de CKD (Completely Knocked Down).


Immédiatement, Darracq commence les travaux d'une usine à Naples. Preuve de la précipitation du projet, Alexandre Darracq se rend compte au bout de quelques semaines que la Province de Naples, située quasiment dans le sud de l'Italie dans la région Campanie, est beaucoup trop éloignée de la France. Les frais de transport des composants pourraient donc mettre à mal la rentabilité du projet. De la même manière, le transport des voitures finies vers le nord de l'Italie où se trouve principalement la clientèle, pourrait être inutilement élevé.

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Darracq suspend le projet napolitain et décide de quitter la ville du Vésuve pour s'installer à Portello, un quartier de Milan. La situation de la ville Lombarde à l’extrême-nord de l'Italie règle donc les problèmes logistiques et les premières automobiles Darracq italiennes (des monocylindre 8-10 HP, puis des bicylindres 14 HP) sortent des chaînes début 1907.


Chauvinisme italien, nom peu poétique, voitures inadaptées au réseau routier ou projet mal mené ? Une de ces raisons, ou peut-être toutes, font que les ventes de Darracq ne décollent pas dans la péninsule. Deux ans plus tard, au printemps 1909, Darracq France arrête les frais et met en liquidation Darracq Italia. Ugo Stella, dirigeant de la marque en Italie, réussit à enrôler Giuseppe Merosi, directeur technique de Bianchi (une autre marque italienne). Le but est de présenter le projet d'une voiture conçue et fabriquée en Italie, afin de réunir des investisseurs capables de racheter le site de Portello. Ugo Stella parvient à ses fins et le 24 juin 1910, la marque A.L.F.A. est créée.


Suite au prochain épisode....


Pour Darracq, la courte aventure italienne prend fin, et la chute de la maison-mère française sera aussi rapide que la gloire. Bizarrement, en 1913, elle est sauvée par... sa filiale anglaise A.Darracq & Co Ltd associée à Rover. Cette même filiale rachète d'autres marques anglaises telles que Talbot puis ensuite Sunbeam. Le nom commercial Darracq disparaîtra en France en 1922 au profit de Talbot. Comme quoi l'automobile est un grand jeu de Monopoly puisque Darracq, Talbot et Sunbeam sont aujourd'hui (après bien des péripéties) des marques en sommeil ayant appartenu au groupe Chrysler, et faisant partie désormais du patrimoine de PSA Peugeot-Citroën depuis 1978.



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